Début mai 1940 ; les Allemands avancent à pas de géants. Des soldats sénégalais arrivent à Bacouel. Même s’ils sont facétieux quand ils tirent sur la barbe de M. Delmas, pour s’assurer qu’elle n’est pas fausse, ils donnent une terrible consigne : quitter d’urgence ce village qui va devenir un champ de bataille.
Au village, à part le maire, M. Descouture, et M. Delmas, directeur de l’usine, seule la famille Hémart dispose d’une voiture. Julien Hémart, dont la compétence d’électricien est rare à cette période, est censé rester à Bacouel comme personnel affecté sur place, mais il décide d’aller quand même de mettre sa famille à l’abri. La voiturée compte 6 personnes : M et Mme Hémart, leurs trois enfants Paulette, Lucette, et Paule accompagnée de son mari.
On fuit devant soi et il n’est pas rare qu’on apprenne le lendemain que des bombes sont tombées là où on était hier. Dans l’Orne, on connaît enfin un répit de six semaines dans la ferme des Renault à Crouttes. Les Hémart y aident aux travaux des champs, et le père utilise son savoir-faire d’électricien pour remettre en état l’installation électrique de la ferme qui en avait bien besoin : la famille des fermiers et celle des réfugiés qu’ils hébergent sympathisent.
Mais il faut quand même repartir vers le Sud. On s’arrêtera en Dordogne dans le voisinage d’un camp militaire où Julien Hémart est à nouveau requis pour par les officiers du camp pour travailler à l’électricité. Ca présente au moins un avantage : c’est le camp qui fournit la nourriture.
Après le retour en Picardie, alors que les tickets de rationnement ont encore cours, la solidarité des Renault de l’Orne vis à vis des occupés du Nord continuera à s’exprimer par l’envoi de colis contenant de précieuses mottes de beurre qui auront traversé la France pour arriver à la gare de Saleux où les Hémart iront les réceptionner. Puis, quand la vie reprendra un cours plus normal, les Hémart retourneront même visiter les Renault et à cette occasion on s’offrira le luxe d’une excursion à la mer.