Le 26 août 1791, le maire-curé-prieur Taffin est investi par la commune pour mener une procédure contre les bois de Jourdain de Thieulloy.
Jourdain de Thieulloy
(Alias Michel Desprez)
n’est pas à la fête !
En 1792, l’an I de la République, Taffin bénit l’Arbre de la Liberté ; c’est dans son verger qu’il avait choisi l’arbuste, replanté et béni par lui au coin de la rue de Vers, près de la maison Lattier (l’actuelle maison de M. Magnez ?). Il ne sera pas récompensé du don de son arbre : quelques mois après, l’Etat réquisitionne les biens d’église ; à Bacouel le presbytère devient propriété d’Etat et le curé-maire Taffin devra payer un loyer de 92 livres par an pour habiter… chez lui !
1989 : le maire-curé Taffin surveille la plantation d’un nouvel arbre de la liberté
2014 : 1/4 de siècle a passé
En 1793, Taffin fait brûler au pied de l’arbre de la liberté qu’il a lui-même planté, les titres de féodalité de la terre de Bacouel et du fief détenu par le «citoyen Jourdain de Thieulloy».
Cette même année, il signe comme adjoint à côté du maire Fiquet, l’arrêté municipal du 13 septembre qui fait appliquer le récent décret de la Convention prescrivant l’obligation de descendre les cloches des église et de les conduire au district. Il est unanimement arrêté que dès ce soir même la descente de la cloche sera effectuée et la somme de trois livres serait allouée aux ouvriers charpentiers et celle de cent sols au voiturier et qu’un des off. municipaux conduirait la cloche pour assister au peasge qui doit en être fait au district dont il apporterait connaissance.
Peut-être la signature de cet arrêté lui a –t- elle provoqué des boutons : l’historien local Darsy nous signale que Taffin est prévenu de propos inciviques ce qui lui vaut d’être emprisonné à Paris à Bicêtre le 9/12/1793. Il est ensuite balladé de prison en prison : transféré aux Capettes le 16/2/1794; aux Carmélites le 17 mars; réintégré aux Capettes le 1er Mai; transféré à la Conciergerie le 13. On est alors en pleine période de Terreur et on ne donne pas cher de la peau de Taffin, mais – petit miracle- il est finalement libéré le 23.
Le 12 messidor An II (1er juillet 1794), le conseil municipal décide de réserver une partie du presbytère pour la maison commune (la mairie) et de louer l’autre partie pour 3 ans moyennant un loyer annuel de 92 livres : Le Conseil…..considérant que d’après différentes lois déjà existantes d’après lesquelles tous les édifices servant cy-devant au culte doivent être désormais consacrés à l’instruction publique et au soulagement de l’humanité souffrante, ont arrêté que la maison dite « Le Presbytère » ainsi que les dépendances seraient louées provisoirement et que le bail serait passé au citoyen Taffin, curé, pour 3 années. Taffin devra vivre un peu plus à l’étroit.
En 1795, Taffin, comme adjoint, fait enlever du cimetière les croix qui s’y trouvent pour les soustraire à la vue des citoyens, comme le demande la loi du 7 vendémiaire An IV.
Mais avec l’avènement de l’Empire, la pratique religieuse retrouve droit de cité. Le vent tourne pour Taffin. Monseigneur de Villaret, évêque d’Amiens, le tient à l’épreuve de 1803 à sa mort, sans le nommer à la cure de Bacouel. On retrouve dans le registre d’état-civil de Bacouel son acte de décès du 5 juillet 1806 établi par Jean Louis Tassencourt qui lui a succédé au poste de maire.
Pauvre Taffin : désavoué par l’évêque comme curé, emprisonné comme maire par la république ! Taffin un homme humilié dans ses convictions religieuses et pourtant ayant le courage d’aller au devant d’une bande d’excités pour soutenir son vieux collègue curé de Nampty.
Il faut réhabiliter le curé-maire Taffin !